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De Freud à Jung : le souvenir de Freud


De Freud à Jung : le souvenir de Freud

En 1900, le jeune psychiatre Carl Gustav Jung (26 juillet 1875 - 6 juin 1961) entre au Bürgholzli, hôpital psychiatrique de Zurich, en Suisse. Six ans plus tard, il se passionne pour les idées de Freud, avec qui il entretiendra une correspondance comptant trois cent quatre-vingts lettres. Jung s’efforce de vérifier les intuitions théoriques du maître, en qui il voit un père – dix-neuf ans les séparent. En 1908, Freud propose de faire de Jung son héritier, son « dauphin ». L’idylle se termine en 1911, car Jung s’éloigne de son interprétation des rêves (le rêve comme réalisation d’un désir sexuel inconscient) pour se plonger dans les mythes, l’histoire des civilisations, la spiritualité. Pour lui, la sexualité n’est pas le moteur de la vie psychique. En 1914, c’est la brouille définitive, Jung quittera la présidence de l’Association psychanalytique internationale, où Freud l’avait installé. Il deviendra l’inventeur de la « psychologie analytique ». Toutefois, la psychanalyse freudienne lui doit son principe de base : l’idée que tout psychanalyste doit en passer par une longue analyse personnelle pour pouvoir exercer.

 

Ce qu’il me dit de sa théorie sexuelle me fit impression. Et pourtant ses paroles ne purent lever mes scrupules et mes doutes. Je les lui exposais à plusieurs reprises, mais chaque fois il m’opposa mon manque d’expérience. Freud avait raison. A cette époque, je n’avais pas assez d’expérience pour justifier mes objections. Je compris que ses théories sexuelles avaient pour lui une importance énorme, tant de son point de vue personnel que du point de vue philosophique. J’en fus très impressionné, mais je pus discerner dans quelle mesure cette appréciation positive tenait chez lui ou à des présuppositions subjectives, ou à des expériences objectivement démontrables.

C’est surtout l’attitude de Freud, vis-à-vis de l’esprit qui me sembla sujette à caution. Chaque fois que l’expression d’une spiritualité se manifestait chez un homme ou dans une œuvre d’art, il soupçonnait et faisait intervenir de la « sexualité refoulée ». Ce qu’on ne pouvait interpréter immédiatement comme une sexualité était pour lui de la « psycho sexualité ». J’objectais que poussée logiquement et à fond, son hypothèse menait à des raisonnements qui détruisaient toute civilisation : celle-ci prendrait l’apparence d’une simple farce, conséquence morbide du refoulement sexuel. « Oui, confirma-t-il, il en est ainsi. C’est une malédiction du destin en face de laquelle nous sommes impuissants ». Je n’étais nullement disposé à lui donner raison ni à m’en tenir là. Pourtant, je ne me sentais pas encore de taille à discuter avec lui.

Lors du premier entretien, d’autres circonstances me parurent importantes ; il s’agissait de faits que je ne pus approfondir et comprendre qu’au déclin de notre amitié. De toute évidence, Freud avait à cœur – et de façon peu ordinaire – sa théorie sexuelle. Quand il en parlait, c’était sur un ton pressant, presque anxieux, tandis que s’estompait sa manière habituelle, critique et septique. Une étrange expression d’agitation dont je ne pouvais m’expliquer la cause, animait alors son visage. J’en étais fortement frappé : la sexualité était pour lui une réalité lumineuse. Mon impression se trouva confirmée par une conversation que nous eûmes environ trois ans plus tard (1910) de nouveau à Vienne.

J’ai encore un vif souvenir de Freud me disant : « Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie sexuelle. C’est le plus essentiel ! Voyez-vous, nous devons en faire un dogme, un bastion inébranlable ». Il me disait cela plein de passion et sur le ton d’un père disant :

« Promets-moi une chose, mon cher fils : va tous les dimanches à l’Eglise ! ». Quelque peu étonné, je lui demandai : « Un bastion – contre quoi ? » Il me répondit : « Contre le flot de vase noire de… » ici il hésita un moment pour ajouter : « …de l’occultisme ! ».

Ce qui m’alarma d’abord, c’était le « bastion » et le « dogme » ; un dogme, c’est-à-dire une profession de foi indiscutable, on ne l’impose là où l’on veut une fois pour toutes écraser un doute. Cela n’a plus rien d’une appréciation scientifique, mais relève uniquement d’une volonté personnelle de puissance.

Ce choc frappa au cœur de notre amitié. Je savais que je ne pourrais jamais faire mienne cette position. Freud semblait entendre par « occultisme », à peu près tout ce que la philosophie et la religion – ainsi que la parapsychologie qui naissait vers cette époque – pouvaient dire de l’âme. Pour moi, la théorie sexuelle était tout aussi « occulte » - c’est-à-dire non démontrable, simple hypothèse possible, comme bien d’autres conceptions spéculatives. Une vérité scientifique était pour moi une hypothèse momentanément satisfaisante, mais non un article de foi éternellement valable.

Sans bien comprendre alors, j’avais observé chez Freud une irruption de facteurs religieux inconscients. De toute évidence, il voulait m’enrôler en vue d’une commune défense contre des contenus inconscients menaçants.

L’impression que me fit cette conversation contribua à ma confusion ; car, jusqu’alors je n’avais jamais considéré la sexualité comme une chose fluctuante, précaire, à laquelle on doit rester fidèle de crainte qu’on ne la perdît. Pour Freud, la sexualité avait apparemment plus d’importance significative que pour quiconque. Elle était pour lui une « res religiose observanda », une chose à observer religieusement. Dans cette ambiance, de telles interrogations et de telles réflexions vous imposent en général réserve et discrétion. Aussi, la conversation, après quelques essais balbutiants de ma part tourna-t-elle court.

Ma vie, souvenirs, rêves, pensées, traduction de CAHEN et Lay, Gallimard

Les théories de Jung, toujours dans le vent

Réalisation de soi, homme planétaire, réconciliation du féminin et du masculin, attrait pour la sagesse orientale, l’inconscient collectif : notre "héritage psychique"

Les concepts de Carl Gustav Jung (1875-1961) sont d’une évidente modernité. Les clés d’une pensée définitivement du XXIe siècle.

L’inconscient, melting-pot universel

Là où Freud, au début du XXe siècle, avait " cadré " la cure analytique – rendre conscients les désirs sexuels refoulés grâce au travail d’association et de verbalisation sur le divan –, Jung " déborde ". Et si l’inconscient n’était pas seulement le réceptacle de ces refoulements, mais une terra incognita habitée par des forces agissantes et créatrices ?

 

Pour l’explorer, Jung s’inspire d’innombrables traditions – la Kabbale, l’hindouisme, l’astrologie – qu’il connaissait parfaitement. Il ne méprisa rien de ce "melting-pot" culturel, du moment qu’il rendait compte des "savoir-faire et être" humains. Sa curiosité était insatiable. "Une quête multidirectionnelle, approfondie par des voyages – chez les Indiens Pueblos du Nouveau-Mexique, en 1924, ou en Inde, dix ans plus tard –, par l’étude des religions, des grands mythes fondateurs, des arts, raconte Christian Gaillard. Ses rencontres avec des ethnologues, ou des hommes tels que Richard Wilhelm, missionnaire en Chine, fasciné par le taoïsme et traducteur du Yi king, l’enrichirent." Jung pressentait que notre civilisation avait beaucoup à apprendre de l’Orient, et l’attrait contemporain pour le bouddhisme ou le tantrisme en est la confirmation.

A partir de ce grand matériel comparatif, Jung inventoria les contenus de l’inconscient. Ainsi découvrit-il des images universelles apparaissant régulièrement : les archétypes. Ils constituent comme une condition ou une base de la psyché, immuable, présente partout et en chacun de nous. Cet inconscient collectif, notre "héritage psychique" en quelque sorte, lie l’individu à l’humanité tout entière. "C’est la queue du saurien", disait-il. Avec Jung, le sujet comprend pourquoi il se sent relié au reste de l’humanité, apte à saisir intuitivement des symboles émanant d’autres civilisations. L’homme planétaire, vanté à la fois par Internet et la "world fusion" en musique, n’est pas loin.

Pierre SEGURA


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